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2, Avenue des Pyrénées NARBONNE Téléphone 6.97
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et toutes
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<§><§>
TRANSFORMATIONS
en
TOUS GENRES
Passant au milieu d'eux, tout droit et sans retour,
Tu conduiras ta dernière assemblée.
O père, un soir, comme ces étrangers
Qu'on chasse dans la nuit, un soir de sombre alerte,
Tarrachant de ton lit, chose d'un drap couverte,
On te jettera hors de la maison ouverte...
Et vous mangez î Tranquilles vous portez
La gaieté des fruits mûrs à votre lèvre blême !
Laissez-moi vous toucher, je vous ai, je vous aime...
Instant mort-né dont le néant accouche ;
Place informe du temps où tous trois nous voici
Arrivés les yeux pleins d'horizon rétréci,
Mâchant un peu de viande et de pain, sans souci
Que de parfois nous essuyer la bouche ;
Petite minute, ah ! si tu pouvais,
Toujours la même en tcn ennui paralysée,
Durer encore, durer toujours, jamais usée,
Et prolonger sans fin, sans fin éternisée,
Notre geste étroit de manger en paix !
Evidemment, je n'emploie pas ici la comparaison avec
Baudelaire comme le pavé de l'ours, je veux simplement
établir la ressemblance et la différence d'expression entre
l'auteur des Fleurs du Mal et cette poétesse qui ne cherche
ni à effrayer, ni à épater son lecteur. Certains préféreront
celle-ci à celui-là.
Quittons nos comparaisons et cherchons la vraie Marie
Noël, dans Andante :
* Longtemps... longtemps... longtemps... depuis que je suis
J'ai dans l'ombre sans fin préparé dans mon cœur née,
— Ai-je fini ? Le soir m'a toute environnée —
J'ai préparé dans mon cœur toute la journée
Une place pour le bonheur.
J'ai là... J'ai conservé s'il en veut mon enfance.
J'ai là ses jeux naïfs, ses élans, sa folie
Qui rebiousse chemin, soudain prise de peur,
S'enfuit, se laisse prendre et tout le reste oublie.
Et là-dedans, mêlée, une mélancolie
Prête à pleurer, la sotte I au plus doux du bonheur.
Et ce cri désespéré d'un cœur incompris, dédaigné qui
rappelle encore le vers de Baudelaire :
® O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Je cite toujours Andante :
L'Amour... Ah ! le temps fuit et me laisse ! La veille
Dans un lendemain vide est tombée. Et je vais
Toute seule et pourtant avant d'être si vieille,
J'avais quelque douceur... Je crois que j'en avais.
L'Amour n'aura pas su comme j'étais charmante,
S'il avait su ! Jamais il n'a vu ma beauté,
Il n'a pas même regardé de mon côté.
Tout est perdu de moi qui n'était rien qu'aimante.
On pense à Tristant Klingsor ou à Paul Fort en lisant
Danse :
« Dansons la capucine...
Que le bonheur est doux I
J'en vois chez la voisine
Mais ce n'est pas peur nous.
Si quelqu'un nous rencontre,
Giroflé, girofla,
Dans la lune et nous montre
Qu'il faut sortir de là ;
Si ce garde champêtre
Interroge nos chants,
Gai ! Nous l'enverrons paître
Le trèfle de ses champs.
Mais si l'amour qui passe
Nous surprend à baller...
Chut ! laissez-le de grâce
A mi-voix me parler.»
Que de charme, que de jolis sentiments bien exprimés
dans Récitatif :
* Grand'mère, est-ce un malheur que nous ne voyons pas
Qui grossit en moi-même ? Est-ce un démon, grand'mère,
Qui pousse tant qu'il peut de ma poitrine amère
A mes yeux ce sanglot que je retiens tout bas ?
Berceuse de la grand'mère établit la comparaison avec
Desbordes-V almore.
Marie Noël est croyante mais pas bigotte, en cela, elle
rejoint Verlaine et Francis Jammes, sans toutefois avoir
besoin du repentir du poète de Sagesse.
(A suivre)
Adrien Gaignon
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TOUS GENRES
Passant au milieu d'eux, tout droit et sans retour,
Tu conduiras ta dernière assemblée.
O père, un soir, comme ces étrangers
Qu'on chasse dans la nuit, un soir de sombre alerte,
Tarrachant de ton lit, chose d'un drap couverte,
On te jettera hors de la maison ouverte...
Et vous mangez î Tranquilles vous portez
La gaieté des fruits mûrs à votre lèvre blême !
Laissez-moi vous toucher, je vous ai, je vous aime...
Instant mort-né dont le néant accouche ;
Place informe du temps où tous trois nous voici
Arrivés les yeux pleins d'horizon rétréci,
Mâchant un peu de viande et de pain, sans souci
Que de parfois nous essuyer la bouche ;
Petite minute, ah ! si tu pouvais,
Toujours la même en tcn ennui paralysée,
Durer encore, durer toujours, jamais usée,
Et prolonger sans fin, sans fin éternisée,
Notre geste étroit de manger en paix !
Evidemment, je n'emploie pas ici la comparaison avec
Baudelaire comme le pavé de l'ours, je veux simplement
établir la ressemblance et la différence d'expression entre
l'auteur des Fleurs du Mal et cette poétesse qui ne cherche
ni à effrayer, ni à épater son lecteur. Certains préféreront
celle-ci à celui-là.
Quittons nos comparaisons et cherchons la vraie Marie
Noël, dans Andante :
* Longtemps... longtemps... longtemps... depuis que je suis
J'ai dans l'ombre sans fin préparé dans mon cœur née,
— Ai-je fini ? Le soir m'a toute environnée —
J'ai préparé dans mon cœur toute la journée
Une place pour le bonheur.
J'ai là... J'ai conservé s'il en veut mon enfance.
J'ai là ses jeux naïfs, ses élans, sa folie
Qui rebiousse chemin, soudain prise de peur,
S'enfuit, se laisse prendre et tout le reste oublie.
Et là-dedans, mêlée, une mélancolie
Prête à pleurer, la sotte I au plus doux du bonheur.
Et ce cri désespéré d'un cœur incompris, dédaigné qui
rappelle encore le vers de Baudelaire :
® O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Je cite toujours Andante :
L'Amour... Ah ! le temps fuit et me laisse ! La veille
Dans un lendemain vide est tombée. Et je vais
Toute seule et pourtant avant d'être si vieille,
J'avais quelque douceur... Je crois que j'en avais.
L'Amour n'aura pas su comme j'étais charmante,
S'il avait su ! Jamais il n'a vu ma beauté,
Il n'a pas même regardé de mon côté.
Tout est perdu de moi qui n'était rien qu'aimante.
On pense à Tristant Klingsor ou à Paul Fort en lisant
Danse :
« Dansons la capucine...
Que le bonheur est doux I
J'en vois chez la voisine
Mais ce n'est pas peur nous.
Si quelqu'un nous rencontre,
Giroflé, girofla,
Dans la lune et nous montre
Qu'il faut sortir de là ;
Si ce garde champêtre
Interroge nos chants,
Gai ! Nous l'enverrons paître
Le trèfle de ses champs.
Mais si l'amour qui passe
Nous surprend à baller...
Chut ! laissez-le de grâce
A mi-voix me parler.»
Que de charme, que de jolis sentiments bien exprimés
dans Récitatif :
* Grand'mère, est-ce un malheur que nous ne voyons pas
Qui grossit en moi-même ? Est-ce un démon, grand'mère,
Qui pousse tant qu'il peut de ma poitrine amère
A mes yeux ce sanglot que je retiens tout bas ?
Berceuse de la grand'mère établit la comparaison avec
Desbordes-V almore.
Marie Noël est croyante mais pas bigotte, en cela, elle
rejoint Verlaine et Francis Jammes, sans toutefois avoir
besoin du repentir du poète de Sagesse.
(A suivre)
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