Jean-Jacques-Régis de Cambacérès : un parcours singulier

Issu d'une famille de magistrats de Montpellier, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824) est un personnage illustre de son temps. Député du Tiers-État lors des États Généraux en 1789, il sera membre de la Convention en 1792. Affecté au Comité de législation, il s'affirme comme l'un de ses plus brillants juristes. A la suite de la mort du roi en 1793, condamnation pour laquelle il ne votera pas sans réserves, il se retire un temps de la vie politique et entreprend le classement des quinze mille décrets votés depuis le début de la Révolution.

Portrait de Cambacérès / Estampe 19e siècle

Une carrière brillante et discrète

Après le 9-Thermidor (27 juillet 1794) il se voit propulsé dans les plus hautes sphères de l’Etat en devenant président du conseil des Cinq-Cents, l’une des deux assemblées législatives du Directoire. Il se signale par sa modération envers les robespierristes et les anciens Girondins. Il sera nommé ministre de la Justice après le 30-Prairial (18 juin 1799). Choisi par Sieyès, et à la demande de Bonaparte, il devient deuxième consul après le coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), qui sonne la fin du Directoire. Face à Lebrun, homme d'Ancien Régime, il incarne la tradition révolutionnaire.

Il participe activement à l'élaboration du Code civil, visant à harmoniser le droit civil français. Cette tâche, à laquelle il consacre une dizaine d’années de sa vie, aboutit au texte final de la loi qui sera promulguée le 21 avril 1804. Cette réalisation est à l’image de la relation entre Cambacérès et Napoléon, basée sur une confiance mutuelle. Cambacérès aura été l’un des plus proches conseillers de Napoléon.

La marque de possession de Cambacérès

Archichancelier d'Empire (1804), duc de Parme (1808), conseiller de Napoléon Ier, il se rallie pourtant aux Bourbons en 1814, mais reprend, malgré lui, ses fonctions pendant les Cent-Jours. Exilé en 1816 par la loi dite « loi contre les régicides » promulguée à l’initiative de Louis XVIII, il rentre en France en 1818, et passe à Paris les dernières années de sa vie, loin du pouvoir. Sa fidélité à Napoléon, la rédaction du Code civil, mais aussi sa prudence durant les heures sombres, tout comme son homosexualité supposée et sa discrétion sur sa vie personnelle en feront un personnage singulier et méconnu de l’histoire.

 

 

 

Reliure au chiffre de Cambacérès

Acquis par la Métropole de Montpellier en 2021, les manuscrits des "Eclaircissements" de Cambacérès sur les principaux événements de sa vie politique viennent enrichir les collections patrimoniales du Réseau des médiathèques de Montpellier déjà dotées de sa correspondance avec le Général Henri-Jacques-Guillaume Clarke, Ministre de la Guerre de Napoléon Ier.

Cet important ensemble des manuscrits des Mémoires de Cambacérès, dans leurs versions successives, avec d’importantes additions autographes sont dorénavant conservés à la médiathèque centrale Emile Zola et numérisés pour un accès gratuit et illimité.

Par ailleurs, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès avait entrepris la rédaction d’«Éclaircissements» sur ses manuscrits. Conçus après la chute de l’Empire, alors que Cambacérès vivait en exil à Bruxelles, la rédaction des Éclaircissements fut entreprise en 1818, après son retour à Paris, et dura jusqu’à sa mort.

Les Éclaircissements se divisent en trois « livres ». Le premier explique les motifs de l’œuvre, résume les origines de l’auteur et raconte sa vie politique depuis le début de la Révolution jusqu’à son entrée au ministère, en 1799. Le deuxième suit la carrière de Cambacérès jusqu’après la proclamation de l’Empire en 1804, et le troisième, consacré à l’Empire, est resté inachevé et s’interrompt en 1813.


Sources : Histoire de la France de 1348 à 1852 / Georges Duby – Larousse / 1988 ; Mémoires inédits Eclaircissements publiés par Cambacérès sur les principaux évènements de sa vie politique / Présentation et notes de Laurence Chatel de Brancion – Préface de Jean Tulard - Librairie Académique Perrin / 1999.