Où sont les femmes ? Dans Mémonum!

illustration en couverture de Septimanie

À l'occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, nous vous proposons un focus qui met à l'honneur des figures féminines à travers différents supports : gravure, ex-libris et publicités dans la presse régionale. Un petit détour par la presse et le féminisme au début du XXème siècle est édifiant...

Marie Pellechet l'incunabuliste

Alors, où sont les femmes dans nos bibliothèques? Dans le réseau de Montpellier, elles prêtent parfois leur nom ; deux bâtiments honorent une autrice (au pseudonyme masculin !) et une journaliste et femme politique : George Sand et Françoise Giroud.
Il y a des femmes qui prêtent leur nom, d’autres qui lèguent leur collection. Elles sont peu à être présentes dans les réserves patrimoniales, par le don de leur bibliothèque, ou de leur production artistique : la peintre Colette Richarme, la duchesse et bibliophile Louise d’Albany et Marie Pellechet.

 

portrait de Marie Pellechet
Le portrait en héliogravure de Marie Pellechet

 

Intéressons-nous un instant à cette dernière, en commençant par ce portrait, héliogravé par un certain Dujardin. On peut voir une femme à l’allure digne, à la coiffure stricte et au léger sourire rêveur : Marie Pellechet, qui a légué à la bibliothèque de Montpellier près de 2500 volumes sur l’histoire du livre et la photographie, ses deux passions. Elle est l’autrice d’un catalogue au rayonnement international, le Catalogue Général des incunables des bibliothèques publiques de France.

 

Astuce de bibliothécaire :

Incunable : le mot « incunable » provient du nom pluriel latin incunabula, qui signifie littéralement « les langes d'un nouveau-né », et par extension le berceau, l'enfance ou encore l'origine. On l’utilise pour désigner des documents imprimés avant 1500, en peu d’exemplaires. Rappelons que c’est en 1454 que Gutenberg invente les caractères mobiles et qu’il développe ensuite l’imprimerie, qui permettra la diffusion du savoir et révolutionnera le monde culturel et intellectuel de cette époque.

Réclames, flacons et fourrures

 

 

Les images de femmes apparaissent à la fin du 19ème siècle dans la presse : la publicité a tôt fait de représenter leurs corps comme argument de vente pour tout type de produits.
Dans ces illustrations de réclame de journaux des années 20, les femmes font la promotion de flacons, fourrures et vaisselle délicate. On les dessine fines, les traits du visage à peine esquissés, les membres graciles. Une figure délicate, si petite… qu’elle se retrouve parfois réduite à la taille d‘un pot de crème cosmétique !

 

 

Midi illustré octobre 1927
Le Midi illustré / Octobre 1927
Vie montpelliéraine
La Vie montpelliéraine / 28 juin 1924
Septimanie janvier 1923
Septimanie / Janvier 1923

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Femmes et politique en 1902

 

Dans cette chronique rendant compte d’une conférence sur le « féminisme » par M. Louis Guibal, donnée à Montpellier en mai 1902, on apprend vite que les femmes n’ont rien à faire avec la politique. Pour dissuader les citoyennes qui auraient le mauvais goût de s’intéresser de trop prés à la vie de la Cité, le journaliste en dresse un portrait repoussant : ainsi, la politique serait une « arène de luttes, hélas si violentes », où les femmes risqueraient de « perdre leur charme » !
Voilà un argumentaire qui n’a pas pu convaincre les suffragettes d'alors…

Morceaux choisis :

 

Extrait 2

Extrait 3

Extrait 4

Extrait 5
La Vie montpelliéraine / 18 mai 1902

Et pour terminer ...

 

Les années 20 et 30 voient souffler un vent nouveau en matière d'émancipation féminine et c'est un ex-libris évoqué dans la revue Septimanie des années 30 qui l'illustre le mieux : cheveux courts, nudité (mais chaussures aux pieds!), pose négligemment alanguie et livre en main ... assurément, ces dames aspirent à la liberté de leur corps et de leurs pensées!

 

 

Septimanie janvier 1923
Septimanie / Années 30