Un emblème pour l'abolition de l'esclavage

Ce 10 mai 2023, à l’occasion de la 18ème Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et leurs abolitions et en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, nous vous présentons cette médaille de bronze de la fin du XVIIIe siècle, présente dans les collections du réseau des médiathèques de Montpellier.

 

 

Ne suis-je pas un homme et un frère ?

 

Pour lutter contre la traite des esclaves, de nombreuses sociétés anti-esclavagistes voient le jour à partir de 1770 en Angleterre et aux États-Unis, principalement soutenues par les églises protestantes, quakers et méthodistes. L’opinion anglaise va être très engagée en faveur de l’abolition de la traite.
C’est dans ce contexte que le célèbre céramiste Josiah Wedgwood (1730-1795) est chargé de réaliser le cachet de la Société de Londres, en 1787. Cet emblème sera beaucoup reproduit, notamment sous forme de camées, ornant broches, chapeaux, foulards et vêtements portés par les abolitionnistes en Angleterre et aux États-Unis.

 

Avers de la médaille
AVERS : Am I not a man and a brother – Ne suis-je pas un homme et un frère

 

Sur l’avers est reproduit le sceau de la Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade (la « Société pour l'abolition de la traite des esclaves »), représentant un homme portant des chaînes aux poignets et aux chevilles, agenouillé dans une attitude de supplication.

En France, c’est la Société des amis des noirs qui est constituée en 1788 par des nobles « libéraux », anglophiles et porteurs des idées des Lumières (Condorcet, La Fayette, l‘Abbé Grégoire…). Elle sera moins puissante qu’outre-Manche, face aux lobbies des colons et armateurs français. Elle adoptera néanmoins le célèbre cachet, adaptant la devise en « Ne suis-je pas un frère ? ».

 

 

Envers médialle
REVERS : May slavery and oppression cease throughout the world – Pour que l’esclavage et l’oppression cesse à travers le monde.

 

L’image de l’homme enchaîné est puissante et résonne encore dans l’imaginaire collectif, bien qu’elle transmette elle aussi une vision inférieure de l’homme noir. Elle perdurera pourtant comme un symbole de libération et de fraternité en mobilisant les masses pour l’abolitionnisme à la fin du XVIIIe siècle.